[Festival Jazz à Vienne (1991). Concert de Sonny Rollins]

[Festival Jazz à Vienne (1991). Concert de Sonny Rollins]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT2313B 01
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historique[Le 5 juillet 1991 au soir], le personnage phare - de l'affiche lyonnaise - a honoré son unique rendez-vous européen, face à des gradins submergés par la foule. Les organisateurs avaient anticipés d'une demi-heure l'ouverture des portes, en prévision de l'affluence, et Sonny Rollins a fait son apparition à l'heure dite : sobrement vêtu d'un pantalon blanc et d'une chemise bariolée, le regard caché par des lunettes noires. Les différents looks affichés lors de ses concerts dans les années 1970 sont relégués aux oubliettes : plus de burnous mystiques ni de coupes iroquois radicales. Les spectateurs qui ont connu un Sonny Rollins révolté, jouant contre le public en lui tournant le dos, retrouvent le lion à démarche de plantigrade dans une attitude singulièrement adoucie et une musique à contraste avec son allure brute. Les premiers morceaux du concert étirés indéfiniment ratissent la palette des styles du "jazz colossus", de rythmes Caraïbes en mélopées blues, comme un rappel des tous débuts du saxophoniste ténor au sein de formations rythm'n blues. Pour ce concert, Sonny Rollins s'entourait de son équipe attitrée : le trombonniste-Clifton Anderson et le pianiste Mark Soskin, souplement coordonnés autour du meneur de jeu, ainsi que le guitariste Jerome Harris, le bassiste Bob Cranshaw et le percussionniste Victor Y. See Yuen. Côté public, on suivait avec une attention soutenue, les évolutions musicales du groupe. Hormis les jazzeux purs et durs ou les vrais inconditionnels de Sonny Rollins, l'habituel public "smart" des soirées "must' n'a pas manqué d'assister au concert qui, excellent ou un peu en-dessous, nourrira de toute façon les conversations. Parmi les VIP, les directeurs de festivals voisins, en l'occurrence Rive-de-Giers et Crest, rendaient une petite visite de courtoisie pour l'occasion. Electrisée au début, la foule saluait l'arrivée du musicien par plusieurs ovations, avant de sombrer dans une immobilité hypnotique, secouée seulement lors d'applaudissements en fin de morceaux : l'effet Sonny Rollins. Source : "Leçon de style" / [Pascaline Dussurget] in Lyon Figaro, 6 juillet 1991, p.56.
historiqueEn misant sur une programmation attractive et une théorie d'artistes consacrés, voire adulés, sans véritable soirée "à risque" comme celle du "free revisited" [en 1990], les organisateurs sont en passe de pulvériser tous les records de fréquentation. Le bilan de l'édition 1990 aboutissait à un chiffre d'environ 60.000 entrées, le score de cette année s'achemine soirée après soirée vers un résultat à la hausse : rien qu'avec les concerts Miles Davis en ouverture (taux de remplissage record au théâtre antique), puis de George Benson, Sonny Rollins et Herbie Hancock, on comptabilise plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. Encouragé par une météo sans caprice et par la constance de l'affiche viennoise, le public semble avoir acquis le réflexe "Jazz à Vienne" et se presse chaque fin d'après-midi derrière les barrières de contrôle, bien avant l'ouverture des portes, signal d'un sprint-escalade impressionnant en direction des gradins les mieux situés. Des gradins qui ont vibré [le 5 juillet 1991], lors du concert-événement du saxophoniste Sonny Rollins. La prestation en deux parties du souffleur modeste et majestueux était émaillée de prodiges techniques et ponctuée d'une standing ovation apparentée à l'ambiance d'un match de coupe d'Europe. [L'] après-midi, le musicien rencontrait brièvement la presse pour quelques échanges dominés par l'humour de l'interviewé. On apprenait ainsi que Sonny Rollins sélectionne soigneusement les lieux où il se produit pour une cinquantaine de dates par an : "Je joue très intensément, je me dépense physiquement sur chaque concert, c'est pourquoi je souhaite rester fort pour tout donner à chaque fois." Parmi les bonnes nouvelles à noter, l'annonce de l'enregistrement d'un album, au mois d'août, avec à ses côtés le batteur Jack DeJohnette, le pianiste Tommy Flanagan et le guitariste Jim Hall. Pas ou peu de regrets sur sa carrière chez l'homme qui travaille quotidiennement au minimum trois heures en studio, notamment sur des exercices techniques pointus, d'après ses propres méthodes et celles de l'Américain Yusef Lateef : "Je n'ai pas peur de travailler dans une voie personnelle, car je suis déjà monté sur le pont, je sais ce que c'est d'être seul (...) on ne peut pas passer son temps à divertir le public : le jazz est une musique essentiellement intellectuelle, qui exige de la concentration. Je pratique au moins trois heures par jour, mais la musique occupe mon esprit 24 heures sur 24." Parmi les jeunes musiciens remarquables, Sonny Rollins cite évidemment Branford Marsalis, avec lequel il a enregistré, mais également le pianiste Marcus Roberts : "Beaucoup de jeunes musiciens sont en train d'émerger, mais le jazz est une musique qui demande plus de temps que la pop : il n'y a pas de MTV. C'est un domaine sérieux, qui exige du temps, voilà peut-être pourquoi on les voit moins sur les festivals : le jazz n'est pas jetable et interchangeable." Un concert et un album à venir, qui confirment la place que Sonny Rollins s'est taillée dans l'univers du jazz et son esprit de recherche continuelle. Dans un tout autre style, Herbie Hancock, Stanley Clarke, Wayne Shorter et Omar Hakim succédaient à une première partie vocale très animée de Betty Carter. Le pianiste utilisait alternativement le clavier de son Bösendorter ou ses machines électroniques de luxe, de même pour Stanley "doigts de fée" Clarke, qui passait avec la même aisance féline de la contrebasse à la basse électrique. Le quartette de cette soirée "prestige" se lançait dans une série de compositions originales ou de reprises (version hommage à Mingus de "Goodbye Pork Pie Hat", "Footprints" de Wayne Shorter), comme autant de prétextes à des exercices de style brillants et sans froideur. Wayne Shorter délivrait son fluide musical dans l'harmonie générale, drivée par Herbie Hancock, qui alternait des phrases proches du classique avec des moments pur funk. Une date où le public jeune acclamait les héros du jour, une facette du festival où l'on repérait à la fois des amoureux du phrasé Shorter et des Nike-kids branchés électrofunk, en pleine transe breakdance dans les recoins du théâtre antique. Source : "Vienne sous affluence" / Pascaline Dussurget in Lyon Figaro, 8 juillet 1991, p.32.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP04128.
note bibliographiqueWikipédia. [En ligne] : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sonny_Rollins (consulté le 30-10-2023).

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